Les djeli sont à la fois détenteurs de l’histoire et de la tradition orale. Autrefois médiateur par excellence, de nos jours, au Mali les djeli sont pris entre modernité et tradition.
Existant depuis des siècles, le djeliya est l’une des institutions les plus anciennes du mandé. Les djeli appartiennent à une classe sociale qu’on appelle les niamakala.
Ils sont les détenteurs de la parole et connaissent l’histoire des grandes familles du mandé.
Selon Adama Issa SACKO, griot et promoteur culturel «le djeli en fait, c’est un médiateur, un réconciliateur. Il est pratiquement le poumon de la société. Quand tu veux traduire, le mot « djeli », c’est le miel de l’union (djai = union, Li = miel), de l’entente de l’association. Le djeli est aussi l’un des castes des quatre grands “ N’gara” du mandé. Quand ont cherche bien l’historique du Djeliya, il vient de l’empire de wagadou».
Quant à la griotte Ami Dramé, elle pense que le Djeliya était une chose très importante autrefois, mais plus maintenant. Car il permettait de résoudre les problèmes entre les hommes. Selon elle, lorsqu’advenait un conflit, c’est le griot qui y mettait un terme et il était toujours en tête de file lors des cérémonies de mariage et de baptême.
Sollicités, adulés hier à cause de leur rôle de régulateurs des relations sociales, les djeli communément appelés griots sont de plus en plus contestés dans une société qui au fil du temps les a dépouillés de leur rôle.
« C’est le Djeliya d’hier qui était authentique. Lorsque le djeli parlait, les hommes l’écoutait avec grande attention » nous dit Ami Dramé.
Dépouillé de l’essentiel de ses attributs et pris dans le tourbillon de la société de consommation, le djeli n’a plus suffisamment de marge de manœuvre. Il lui faut donc vivre et souvent au détriment des règles déontologiques qui encadraient sa fonction. Si certains djeli arrivent à tirer leur épingle du jeu, cependant, il faut reconnaître que la majorité écrasante se promène d’événement en événement pour avoir de quoi vivre et est laissé à elle-même.
« De nos jours, même si on ne connaît pas ta lignée, on fera quand même tes éloges juste pour avoir ton argent » À laisser entendre Toumani SISSOKO un autre griot.
Enfin, il convient de rappeler que de nos jours les djeli sont concurrencés par les maîtres de cérémonie, Dj et autre porte-voix. La mutation sociale à un prix et le Djeliya paie le prix fort.
Gamballa KOITE